L’offensive de Versailles est sur le point d’aboutir. Le 16 mai, l’Assemblée a refusé de reconnaître la République comme gouvernement de la France. Le 19, les lignards sont à quelques centaines de mètres des remparts. Sur toute la ligne de front, il n’y a plus que les pièces de la porte Dauphine qui tentent d’entraver les mouvements ennemis dans le bois de Boulogne. Dans la ville insurgée, on monte des barricades.

Aujourd’hui, autour de 13h, Thiers faisait démasquer les batteries de brêche. Ce sont trois cent canons de siège et pièces de marine qui ouvrent le feu sur la ville insurgée. Une avalanche d’obus s’abât sur les remparts. Les bombardements incessants chassent des fortifications les derniers défenseurs de Paris. Dombrowski, qui réclame depuis des semaines des renforts qui n’arrivent jamais, envoie sans cesse chercher des canons et des artilleurs qu’on lui refuse encore, est seul à la tête des quelques fédérés encore fidèles au poste. La plupart des officiers ont fui les premières lignes.

Depuis le 15 mai, l’armée de l’Ordre a repris les exécutions de prisonniers. Les négociations pour la libération des otages n’ont pas abouti. La Commune était pourtant prête à tous les libérer si Versailles avait accepté de relâcher Auguste Blanqui, arrêté le 17 mars. Mais l’heure n’est plus aux négociations. Les soldats tirent sur les ambulances de la Commune, et achèvent les blessés qu’ils parviennent à capturer.

Thiers, malgré une supériorité militaire incontestable, hésite encore à risquer ses hommes dans Paris. Le 13 mai, quarante-six gendarmes déguisés en gardes nationaux avaient été découverts et arrêtés à la caserne des Minimes. Ils préparaient une opération contre l’Hôtel de Ville, avec des brassards tricolores comme signe de ralliement. Le 18 mai au soir, un détachement de versaillais surprend les fédérés de Cachan en les approchant aux cris de « Vive la Commune ». Ils sont arrêtés avant d’atteindre la redoute des Hautes-Bruyères.

Fédérés  devant la barricade de Denfert Rochereau ( google map )

Les fédérés capturent un espion qui reconnaît avoir transmis aux Versaillais un plan, indiquant les principales positions des gardes nationaux. Il est aussitôt jugé par un conseil de guerre, condamné à mort et exécuté. Les moines dominicains d’Arcueil, qui ont signalé aux versaillais la présence des gardes nationaux en sonnant le tocsin, sont arrêtés et emmenés au fort de Bicêtre.

Ce que Thiers ne peut obtenir par la force, il tente de le soutirer par l’intrigue. On apprend ainsi qu’il avait chargé un émissaire de corrompre Dombrowski. Le traître s’était rapproché de son aide de camp, Hutzinger, et lui avait transmis la proposition de Thiers. Le nabot de Versailles offrait un million de francs au général polonais, à condition qu’il accepte de livrer aux versaillais une porte de Paris. Mais on n’achète pas un soldat de la révolution, et le traître Vaysset l’a appris à ses dépens.
Dombrowski informe immédiatement le Comité de Salut Public, et fait arrêter le conspirateur. Celui-ci sera jugé par un conseil de Guerre.

Aujourd’hui, c’est le général La Cecilia qui a dénoncé une nouvelle tentative de corruption. Tous n’ont pas cette intégrité. On se souvient de la trahison de Rossel, le délégué à la guerre, qui avait fait afficher dans tout Paris une proclamation défaitiste, avant de s’enfuir de la ville alors qu’il allait être interrogé par le conseil de la Commune. L’explosion de la cartoucherie de l’avenue Rapp, survenue il y a trois jours, n’était qu’une nouvelle manoeuvre des amis de l’Ordre. Les quatre suspects arrêtés dans la soirée du 17 ont rapidement admis être des agents de Versailles.

Les réactionnaires sont prêts à tout pour étouffer le soulèvement du peuple. Parmi les conspirateurs arrêtés, d’anciens mouchards de l’empire, bien connus de la population parisienne, les moines domincains d’Arcueil et quelques notables de l’Eglise, dont l’archevêque de Paris, Mgr. Darboy, et des gendarmes, certains arrêtés le 18 mars, d’autres lors de la découverte de la conspiration des brassards.
À l’Hôtel de Ville les élus sont dépassés par les évènements, et le retour des membres de la minorité occasionne de nouvelles disputes. Ceux-ci ayant réunis leurs électeurs, ils ont reçu mandat de siéger de nouveau à l’assemblée communale. Le conseil fédéral de l’Association Internationale des Travailleurs, réuni en séance extraordinaire, appelle à calmer les tensions, pour « maintenir l’unité de la Commune ».

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© illustrations: Bibliothèque historique de la ville de Paris, éditions Dittmar, Musée Carnavalet.

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