George Darboy
Georges Darboy, né à Fayl-Billot, près de Langres où ses parents sont épiciers, le 16 janvier 1813, exécuté par la Commune à Paris le 24 mai 1871, fut évêque de Nancy de 1859 à 1863, puis archevêque de Paris de 1863 à 1871
Ordonné prêtre en 1836, il fut peu de temps vicaire de Notre-Dame à Saint-Dizier et professeur au grand séminaire de Langres.
En 1845, il rejoignit Mgr Denys Affre, archevêque de Paris ; d’abord prêtre auxiliaire à la Maison des Carmes et aumônier du lycée Henri-IV, il fut bientôt élevé aux poste de chanoine à Notre-Dame, de vicaire général et d’archidiacre de Saint-Denis, ayant auparavant été nommé protonotaire apostolique. Républicain convaincu, Darboy accueillit avec enthousiasme la IIe République en 1848 .
En 1859, il fut nommé évêque de Nancy, grâce à l’appui des milieux gallicans, où, pendant les trois ans où il eut la charge de ce diocèse, il s’intéressa spécialement aux questions d’éducation, créa l’école Saint-Léopold, agrandit le grand séminaire et écrivit (1862) sa lettre célèbre Sur la nécessité de l’étude.
Transféré par un décret impérial du 10 janvier 1863 à l’archevêché de Paris, laissé vacant par la mort du cardinal Morlot, il consacra cette année-là la cathédrale Notre-Dame, alors complètement restaurée, et fut honoré des titres et fonctions de Grand aumônier, de sénateur du Second Empire et de conseiller impérial. Il soutient avec fermeté la politique romaine de Napoléon III contre l’hostilité d’une grande partie de l’opinion catholique et du clergé sensibles aux thèses ultramontaines). Il est nommé sénateur en 1864.
Bien qu’il lui manquât l’indépendance de son prédécesseur et ami Mgr Affre, la compétence administrative de Mgr Sibour et l’affabilité du cardinal Morlot, Mgr Darboy était un prélat instruit, consciencieux et respecté. Avec l’aide d’hommes tels que Buquet, Isoard, Langénieux, Meignan et Foulon, il donna une impulsion nouvelle à l’administration ecclésiale que dans sa vieillesse son prédécesseur avait quelque peu négligée.
Alors que, de plus en plus, le clergé français passait à l’ultramontanisme, Mgr Darboy restait un des derniers gallicans, ce qui lui valut de ne jamais recevoir le chapeau de cardinal et de se voir réprimander par le pape dans une lettre privée qu’une erreur fit publier. On lui reprocha de se montrer plus soumis qu’il n’aurait dû aux vœux impériaux et d’adopter contre les exemptions des religieux une attitude que Rome le contraignit à abandonner en 1869.
Ce fut la raison principale qui, pendant le Concile du Vatican de 1869/1870, le rangea, avec la minorité qui considérait que bien qu’elle fût réelle, la définition de l’infaillibilité pontificale était inopportune. Ses motivations étaient de nature plus politique que théologique. Darboy fut un de ceux qui pensèrent à une intervention diplomatique comme au moyen de mettre un terme à ces difficultés. Il quitta Rome avant le vote final du 18 juillet 1870 en exprimant des sentiments qu’il rétracta cependant plusieurs mois après la définition du dogme.
Arrêté le 4 avril 1871 selon l’ordre de la Commune de Paris, il fut enfermé à la prison Mazas, tous les efforts de ses amis ne parvinrent pas à le sauver, le gouvernement versaillais de Thiers ayant notamment refusé toutes les propositions d’échange formulées par les Communards, contre le socialiste Blanqui, enfermé dans une prison de Bretagne. Il fut exécuté comme otage pendant la Semaine sanglante, le 24 mai, à la prison de la Roquette (avec Gaspard Deguerry, curé de la Madeleine, trois pères jésuites et Louis Bernard Bonjean). Après la Commune, il reçut des obsèques nationales.