Paris tout entier semble s’être réuni à la Bastille. Depuis ce matin, pour fêter l’anniversaire de la proclamation de la Seconde République en 1848, une grande manifestation républicaine a lieu place de la Bastille. La République, balayée par le coup d’état du 2 décembre 1851 qui instaura l’Empire, est dans toutes les mémoires.

Manifestations à la Bastille

Tout au long de la journée, des bataillons de la Garde Nationale et de l’armée régulière défilent, accompagnés d’une foule nombreuse : tous viennent rendre hommage aux victimes de la répression de 1848, et affirmer leur opposition à la République des Trochu, Favre et consorts. Quatorze bataillons se rassemblent, sans armes, aux pieds de la colonne de Juillet. On y dépose des couronnes d’immortelles à la mémoire des morts républicains. Les délégués de plusieurs bataillons montent sur le socle du monument pour prononcer des discours, acclamés par la foule.

Aux cris de « Vive la République ! », quelqu’un monte jusqu’au sommet de la colonne et accroche un drapeau rouge dans la main du génie. Ce peuple qui vient de vivre cinq mois de siège ne semble pas découragé, et les gardes nationaux, loin de se contenter de la paix qui se négocie avec la Prusse, dénoncent la trahison et réclament la résistance.
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Historique de la Garde Nationale

 

Crée en 1789, la Garde Nationale joue un grand rôle dans la révolution. Essentiellement bourgeoise, elle est composée de citoyens qui élisent leurs officiers. Elle participe à l’insurrection de 1848, mais ne s’oppose pas au coup d’état impérial. L’Empire, qui s’en méfie, réduit son influence. Mais le conflit avec la Prusse pousse le gouvernement à promulguer la loi d’aout 1870, qui reforme la Garde Nationale. Emile Olivier envisage d’armer uniquement les bataillons bourgeois, en excluant ceux des quartiers populaires. Le général Trochu, nommé gouverneur de Paris, décide d’armer tous les gardes nationaux.

Au lendemain de la proclamation de la République le 4 septembre, alors que les prussiens se dirigent vers la capitale, la Garde Nationale parisienne est réorganisée, et ses effectifs accrus. Il est décidé d’attribuer une solde de 1,50 francs, avec une prime en cas de charge de famille. Cette dernière mesure attire les populations les plus précaires, qui sont fragilisées par le ralentissement économique dû à la guerre, et les rigueurs du siège. De 60 bataillons pour les départements de la Seine, la défense parisienne passe à plus de 250 bataillons armés, ce qui représente en théorie environ 300.000 hommes. La réalité est sans doute plus proche de 180 000-200 000 gardes nationaux dans Paris, armés et attachés à leur fonctionnement démocratique.

Création du Comité Central

Ce matin au Casino du Vauxhall rue de la Douane (Rue Léon Jouhaux, 10ème), près de 2000 délégués de bataillons de la Garde Nationale se sont réunis en assemblée générale. Ils venaient représenter 200 bataillons républicains.

Une commission a présenté un projet de fédération des bataillons de la Garde Nationale, et demandé aux délégués de voter la création d’un Comité Central. Dans une ambiance houleuse, les intervenants rappellent les menaces répétées de l’Assemblée Nationale, la conduite désastreuse de la guerre, et discutent de l’arrivée des prussiens dans Paris, annoncée dans la presse.

Un délégué proteste contre toute tentative de désarmement de Paris et appelle à la résistance, « au besoin par les armes ».  Les bataillons présents décident d’adopter cette motion. Une seconde motion précise que désormais la Garde Nationale fédérée ne reconnaît comme chefs que ses propres délégués. La prochaine séance est fixée pour le 10 mars.

Affiche 3×3, place de la Bastille jeudi 24 février 2011 (google map)

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© illustrations: Bibliothèque historique de la ville de Paris, éditions Dittmar, Musée d’Art et d’Histoire de Seine St Denis, Musée Carnavalet.

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