Les prussiens ont défilé cet après-midi, encadrés par les bataillons de la Garde Nationale. C’est une ville déserte, barricadée et couverte de drapeaux noirs qui les attendait. Paris n’oublie pas ses morts, qu’ils soient tombés pour la défense de la ville, ou qu’ils aient succombé aux rigueurs du siège. Ce défilé devait être une parade des vainqueurs dans la ville conquise; la Garde Nationale en a fait la revanche de Paris.

soldats prussiens aux portes de Paris

 

Depuis le 24 février, les manifestations continuaient place de la Bastille. Peuple de Paris, gardes nationaux et militaires insurgés venaient affirmer leur résistance au gouvernement de Trochu et leur méfiance envers la nouvelle assemblée monarchiste.

L’annonce des conditions de paix le 26 indigne les derniers modérés. Le traité prévoit la cession de l’Alsace et d’une partie de la lorraine (dont Metz), le paiement en 3 années de 5 milliards d’indemnités de guerre et l’occupation du territoire jusqu’à parfait paiement des cinq milliards. L’humiliation est couronnée de l’annonce du défilé des prussiens sur les Champs Élysées, prévu pour le 1er mars.

Ce dernier outrage décide le Comité Central à se préparer à une résistance armée. Partout dans les quartiers de l’ouest parisiens, la population déplace les canons de la Garde Nationale et les met à l’abri de l’ennemi sur les hauteurs de la butte Montmartre. Ces canons, les parisiens les ont achetés par souscription populaire pour faire face au siège prussien; ils ne les laisseront jamais tomber aux mains de l’ennemi.

Mais l’intervention de quelques militants membres de la Corderie porte ses fruits. La population parisienne demande à la Garde Nationale de contenir son ardeur, et de montrer sa force sans céder à la provocation. Sur ces pressions, le Comité Central délivre un communiqué demandant au citoyens de ne pas provoquer de conflits avec les troupes prussiennes.

« Il sera établi autour des quartiers que doit occuper l’ennemi, une série de barricades destinées à isoler complètement cette partie de la ville. Les habitants de la région circonscrite dans ses limites devront l’évacuer immédiatement. »

– le Comité Central

En demandant aux troupes fédérées d’encadrer le cortège, le comité satisfait leur exigences tout en évitant l’affrontement qui aurait très certainement mené à une hécatombe. La Garde Nationale en sort renforcée.

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Les prussiens dans Paris

Les Prussiens trouvent donc la ville déserte à leur arrivée. Paris affiche son deuil : aux fenêtres pendent des drapeaux noirs, les statues sont recouvertes d’un voile, les commerces sont fermés. Les Champs-Élysées sont encerclés de barricades tenues par la Garde Nationale, qui toise les soldats prussiens.

Coincée entre la Seine, les grilles des Tuilleries et les barricades, l’armée prussienne établit un campement pour la nuit place de la Concorde. L’éclairage public ne s’allume pas pour cette partie de la ville. Sans pour autant déclencher le conflit, Paris ne s’est pas plié aux exigences de l’Assemblée Nationale.

Affiche de soldats prussiens le mardi 1er mars place de la Concorde (google map).

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© illustrations: Bibliothèque historique de la ville de Paris, éditions Dittmar, Musée Carnavalet.

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