L’assemblée communale a officiellement pris le nom de Commune de Paris. Ses premières décisions viennent soulager les quartiers populaires en annulant les dettes et loyers jusqu’en juillet 1871. La Commune a aussi décidé de la séparation de l’église et de l’état : c’est la fin du Concordat ! Mais Versailles n’hésite plus à se montrer ouvertement sous son vrai visage. Hier Thiers a annoncé qu’il entraînait une armée pour reprendre Paris aux insurgés.

L’Eglise Sainte Geneviève devient le Panthéon, le 2 avril 2011 (google map)

Dès la première séance le 28 mars au soir, l’assemblée des élus prend le nom de « Commune de Paris ». On décide que les mandats d’élu à la Commune et de député à l’Assemblée Nationale sont incompatibles. Malgré les premières démissions des maires et députés modérés dont Tirard, les autres, favorables à l’insurrection comme Delescluze ou Cournet démissionnent de l’Assemblée Nationale. Les élus se divisent en commissions sous la présidence de Gustave Lefrançais.

Le premier souci de la Commune est de soulager les parisiens les plus pauvres, mis à rude épreuve par 5 mois de siège. Une remise générale des quittances de loyers pour toute la durée du siège et jusqu’en juillet 1871 a été proclamée. Versailles, qui n’avait fait qu’en reporter le paiement, livrait ainsi les maigres ressources encore disponibles aux propriétaires, qui n’avaient presque pas souffert du siège. Certains d’entre eux avaient même poursuivi une activité lucrative sous le siège prussien ! La Commune, attentive au sort des plus démunis, suspend aussi la vente des objets cédés au Mont de Piété, véritable institution d’usure légale où les familles les plus pauvres venaient échanger des objets – souvent de première nécéssité (vêtements, meubles, couvertures) – contre des sommes dérisoires.

La seconde tâche qui incombe à l’assemblée communale est de garantir la pérennité des libertés aquises, en défendant la ville contre les agressions de Versailles. Les élus décident donc de renforcer le rôle et les effectifs de la Garde Nationale. La conscription est abolie, la Garde Nationale devient la seule force militaire autorisée à se maintenir dans Paris, et tous les citoyens valides sont appelés à la rejoindre. Le comité central, qui s’est maintenu, a annoncé qu’il allait réorganiser la Garde Nationale, sous le contrôle de l’assemblée communale.

Mais sa dernière décision est la plus importante. À partir d’aujourd’hui l’Eglise et l’Etat sont séparés ! Le Concordat en vigueur depuis Napoléon Ier, qui faisait du catholicisme la religion « de la majorité des Français », est désormais abrogé. L’État n’aura plus à prendre en charge le salaire des religieux. La Commune a ainsi annoncé la suppression du budget des cultes et la sécularisation des biens des congrégations religieuses. En symbole, l’église Sainte Geneviève va redevenir le sanctuaire des grands hommes de la Patrie, le Panthéon que Louis XVIII avait supprimé pendant la Restauration et que l’Empire n’avait pas osé rétablir.
C’est une révolution qui concerne aussi l’école, jusqu’ici prise en charge par l’Eglise. De quoi réjouir de nombreux instituteurs et institutrices, interdits d’enseignement sous le Second Empire parce qu’ils refusaient de prêter serment à l’empereur. Edouard Vaillant a promis un enseignement gratuit, obligatoire et laïc, et annoncé l’interdiction de l’enseignement confessionnel ainsi que celle des signes religieux dans les salles de classe. Enfin nos enfants auront accès au savoir et à la science, c’est la fin d’un enseignement obscurantiste au service de l’Eglise et du pouvoir !

 

Pendant ce temps à Versailles, Thiers a officiellement déclaré la guerre à ParisHier il annonçait son projet de reprendre Paris aux insurgés en utilisant l’armée. « L’Assemblée siège à Versailles, où achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédées. Les bons citoyens peuvent donc se rassurer et espérer la fin d’une lutte qui aura été douloureuse mais courte. »

Citoyens, l’offensive de Versailles est imminente ! Nous saurons défendre la République et la Commune !

___________________

© illustrations: Bibliothèque historique de la ville de Paris, éditions Dittmar, Musée Carnavalet.

icon rss icon twitter icon facebook
logo credits