L’Assemblée Nationale en route pour Versailles !
Depuis Bordeaux, l’Assemblée Nationale a annoncé aujourd’hui son départ pour Versailles.
Les anciens de l’Empire veulent confisquer la République ! Au casino du Vauxhall, la Garde Nationale fait le serment de prévenir toute tentative de coup d’état.
Manifestant clairement son hostilité envers Paris, l’Assemblée a exigé par décret le paiement des dettes et des loyers, suspendu pendant le siège. Au terme de cinq mois de siège, la ville est exsangue. Ce n’est pas la signature de l’armistice qui a relancé l’économie ! La plupart des ateliers sont encore fermés et une majorité des travailleurs et petits propriétaires sont toujours dans l’impossibilité de régler leur dettes. Une telle mesure ne peut qu’attiser la rancoeur des parisiens envers une Assemblée de bourgeois provinciaux.
Comme si cela ne suffisait pas, celle-ci annonce la suppression de la solde journalière attribuée aux gardes nationaux. Combien de familles des faubourgs vivent uniquement de la solde de garde national du mari ou du fils ? Après Bismarck, voilà que Thiers affame le peuple de Paris !
Pendant ce temps, la répression continue de s’abattre sur les républicains. Pour leur implication dans la tentative insurrectionnelle du 31 octobre, on juge par contumace le révolutionnaire Auguste Blanqui et le général républicain Gustave Flourens. L’annonce du verdict est prévue pour demain. Face à cette offensive des monarchistes, les républicains s’organisent.
Ce soir, les délégués de 200 bataillons de la Garde Nationale étaient réunis en assemblée générale au casino du Vauxhall. Ils ont approuvé les statuts définitifs de la fédération républicaine de la Garde Nationale , présentés le 3 mars devant plus de 1000 délégués. Eugène Varlin, ouvrier relieur et membre de l’Association Internationale des travailleurs, propose d’élire le Comité Central.
Nous n’avons de république que le nom, pour etre en république, il faut nécessairement que le vote soit souverain. (…) L’assemblée déclare qu’elle entend revendiquer le droit absolu de nommer tous ses chefs et de les révoquer dès qu’il ont perdu la confiance de ceux qui les ont élus.
Eugène Varlin
Cette motion est adoptée à l’unanimité.
Désormais les fédérés ne reconnaissent d’autre autorité que celle de leurs délégués. Le Comité Central, à peine élu, a est solenellement chargé de « prévenir toute tentative de renversement de la République ».
Légitimé par ce vote, le Comité est désormais le principal représentant du mouvement révolutionnaire parisien.
« Nous ne voulons plus d’aliénations, plus de monarchies, plus de ces exploiteurs ni oppresseurs de toutes sortes. (…)
Vive la République !»
Gardes Nationaux au bord du canal St Martin, à l’angle de la rue Léon Jouhaux, 10 mars 1871