Adolphe Thiers
Louis Adolphe Thiers naît à Marseille le 15 avril 1797, dans les derniers temps de la Révolution.
L’action politique d’Adolphe Thiers parcourt tout le XIXe siècle ou presque, de la Restauration monarchique, dans les années 1820, durant laquelle il fait ses premières armes, à la IIIe République.
Bourgeois avide de pouvoir et d’argent, d’une pingrerie rare, il représente si bien la bourgeoisie louisphilipparde dans ses jeunes années que le romancier Honoré de Balzac le prend pour modèle de son jeune provincial ambitieux, Rastignac.
Thiers s’impose malgré une petite taille, une houppe ridicule et un physique sans grâce qui lui valent le surnom de «Foutriquet». Il manipule les hommes avec subtilité en usant de son art oratoire. Mais son extrême vanité et son envie de se comparer à Napoléon l’entraînent aussi dans des actions périlleuses.
À l’issue de la révolution des Trois Glorieuses, en juillet, il fait partie de ceux qui portent Louis-Philippe 1er sur le trône. Son rêve est celui d’une monarchie parlementaire («Le roi règne et ne gouverne pas», écrit-il). Député des Bouches-du-Rhône en octobre 1830, il accède aussitôt au gouvernement.
Après le portefeuille des Finances, Thiers obtient celui de l’Intérieur et montre à cette occasion une rare énergie. En avril 1834, il réprime au prix de 600 morts et 10.000 arrestations la seconde révolte des canuts, les travailleurs lyonnais de la soie. Président du Conseil en 1836, il envisage le risque d’une guerre contre l’Angleterre à propos de l’Espagne mais le roi, avec sagesse, lui impose de démissionner.
Sous la Deuxième République qui remplace la monarchie, en 1848, Thiers revient au pouvoir. Face aux émeutes ouvrières de juin 1848, il renouvelle sans succès sa proposition de reconquête de Paris par l’armée et de liquidation de l’engeance révolutionnaire et socialiste.
L’habile manoeuvrier encourage le prince Louis-Napoléon Bonaparte à se présenter à la présidence de la République mais rompt avec lui lorsque se profile le coup d’État du 2 décembre 1851 qui instaurera le Second Empire.
Expulsé de France pendant quelques mois, Adolphe Thiers ne revient dans la politique qu’en 1863 en se faisant élire député de Paris. Il dénonce la diplomatie aventureuse de l’empereur et se signale après la bataille de Sadowa par une singulière prescience du danger prussien et des drames à venir. Il s’oppose à l’entrée en guerre de la France contre la Prusse en juillet 1870, ce qui lui vaut d’être porté au gouvernement après la défaite et la chute de l’empereur.
Thiers a 73 ans quand s’effondre le Second Empire mais, pour lui, le meilleur reste à venir. Ce sera la négociation du traité de Francfort avec Bismarck et la sauvage répression de la Commune, selon les plans qu’il avait envisagés à plusieurs reprises, sans succès, au cours de sa vie passée.