Les versaillais occupent les forts de Vanves et d’Issy. Ils arment les bastions du fort d’Issy de pièces d’artillerie de gros calibre, et pillonnent les remparts de la ville et le XVIème arrondissement. La cartoucherie de l’avenue Rapp, un gros dépôt de munitions, a explosé cet après-midi suite à un attentat qui a fait 40 morts. Dans Paris, on se prépare à résister derrière les barricades à l’offensive versaillaise qui s’organise.
Cet après-midi, la cartoucherie de l’avenue Rapp où était stockée une bonne part de la poudre dont disposait la Garde Nationale
Cartoucherie de Rapp après l’explosion, Avenue Rapp, mardi 17 mai 2011 ( google map )
Immédiatement, les sapeurs-pompiers de la sixième compagnie s’élancent au milieu des débris et des flammes, pour tenter d’évacuer au plus vite les fourgons de cartouches et les tonneaux de poudre encore intacts. Ils ont été rejoints dans leur tâche héroïque par quelques citoyens, tandis que d’autres entreprenaient de dégager les habitants prisonniers de l’effondrement de leur maison. “Pompiers et citoyens ont rivalisé de courage et de dévouement” note un élu du conseil de la Commune.
La violence de l’explosion a tout soufflé et laisse un trou béant au milieu des cités ouvrières. Il n’y a aucun survivant parmi les employés de la cartoucherie, et celle-ci a complètement disparu, désintégrée. Les fédérés du VIIème arrondissement, accourus sur place, parlent d’une quarantaine de victimes et d’une centaine de blessés.
Nombreux sont ceux qui parlent déjà de complot. Certains soulèvent l’étrange coïncidence entre cette explosion et la destruction hier de la colonne Vendôme, qui symbolisait le bellicisme impérialiste de l’ancien régime. On évoque un petit groupe, des agents de Versailles, qui seraient venus saboter la poudrière pour faciliter l ‘assaut imminent que prépare l’armée réactionnaire. Quatre personnes, dont un artilleur, ont été arrêtées.
Les enquêteurs dépêchés immédiatement sur place auront certainement du mal à y voir clair. D’abord, parce que la cartoucherie a emporté son secret avec elle en ne laissant aucun survivant ; ensuite, parce que plusieurs informations obscurcissent encore le tableau. Les premiers témoignages révèlent que la cartoucherie était peu surveillée et avait plusieurs fonctions, notamment celle d’atelier de soudure, ce qui peut s’avérer fâcheux quand on entrepose de la poudre.
Quoiqu’il en soit, l’événement portera certainement préjudice à la garde nationale qui tente tant bien que mal de ralentir l’avancée des troupes versaillaises. Avec cette explosion, c’est 10 000 kilos de poudre et 400 000 cartouches qui disparaissent. Ironie de l’histoire, c’est dans cette avenue au nom d’un général alsacien que le sort s’acharne contre ceux qui refusent de laisser la Prusse s’emparer de la rive gauche du Rhin.
Pendant ce temps, les troupes de l’armée régulière continuent de se masser aux portes du Sud-Ouest de Paris, et on remarque que les bombardements de l’artillerie se font de plus en plus rapprochés, ce qui annonce une offensive imminente.
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© illustrations: Bibliothèque historique de la ville de Paris, éditions Dittmar, Musée Carnavalet.